Les coûts du fret maritime ont considérablement diminué, notamment en Europe, où la réduction des coûts de transport par conteneur constitue une aide bienvenue dans la lutte contre l’inflation. Mais ils ne sont pas non plus un remède miracle.
Jusqu’à présent, les banques centrales et les gouvernements restent focalisés sur la lutte contre les taux d’inflation excessifs. Tandis que les gardiens de la monnaie tentent de dompter les facteurs inflationnistes du côté de la demande en relevant les taux, les acteurs politiques visent souvent à empêcher (encore et encore) l’envolée des prix par des interventions sur les marchés – à savoir un plafonnement des prix de l’énergie.
Le succès de ces mesures, en particulier en Europe, n’a pas encore été observé. Rappelons-nous qu’en octobre, le renchérissement annuel a atteint un niveau record de 10,7% dans la zone euro, et même le taux de base corrigé des composantes volatiles a culminé à un niveau historique de 5%. Contrairement aux États-Unis, l’inversion de tendance ou du moins le ralentissement de la dynamique inflationniste se fait encore attendre dans l’Union monétaire.
Presque au niveau prépandémique
Désormais, tout nouveau facteur de soutien dans la lutte contre l’inflation semble improbable. En effet, en raison de l’augmentation massive des capacités du transport maritime international, les tarifs de fret maritime ont déjà presque retrouvé leur niveau d’avant la pandémie. Alors que le transport d’un conteneur maritime standard de Shanghai à Rotterdam coûtait encore environ 10 000 dollars américains cet été, il est aujourd’hui redescendu à un peu plus de 2000 dollars, soit presque autant qu’avant le début de la pandémie de coronavirus. La situation reste toutefois quelque peu différente en ce qui concerne le transport maritime transatlantique: le prix d’un transport par conteneur entre New York et Rotterdam est désormais à un niveau jamais atteint depuis sept ans. Ici, on n’observe encore aucun changement de tendance.
Mais le fait que les coûts du fret maritime entre les États-Unis et l’Europe ne baisse pas est largement contrebalancé par l’effondrement des coûts de transport entre la Chine et l’Europe, une bénédiction pour la problématique de l’inflation européenne. En effet, les importations en provenance des États-Unis représentent à peine la moitié de celles qui proviennent de l’Empire du Milieu. L’UE a importé de Chine des biens pour une valeur totale de 473 000 milliards d’euros, tandis qu’elle en a importé des États-Unis pour 233 000 milliards d’euros.
Par conséquent, la forte baisse des prix du fret entre le principal partenaire importateur et l’Europe devrait au moins atténuer quelque peu l’inflation de deux façons: premièrement, cela entraînera une baisse des prix des importations de matières premières et de produits semi-finis en provenance d’Asie, ce qui devrait alléger la pression sur les prix à la production des biens fabriqués en Europe. Le premier indice en ce sens est que la dynamique de la hausse des prix à la production a un peu faibli récemment – même si elle reste à un niveau élevé.
Deuxièmement, avec la baisse du coût du fret, les prix des produits finis importés de Chine – du téléviseur aux jouets en passant par la bicyclette – baissent également. Si les commerçants répercutaient cette baisse des coûts aux prix de vente, cela aurait théoriquement un impact direct sur les taux d’inflation en Europe.
Un facteur parmi tant d’autres
Théoriquement, car la prudence est de mise concernant la baisse des prix du fret dans le contexte inflationniste actuel. Au final, les coûts de transport ne sont qu’une des nombreuses composantes qui influent sur le renchérissement effectif. La raréfaction de l’offre due aux retards de production en Chine, les incertitudes quant à un approvisionnement énergétique suffisant, l’évolution des taux de change, sans oublier le risque d’apparition d’une spirale salaires-prix, restent tout aussi déterminants, voire plus importants encore.
La baisse des prix du fret maritime n’est donc pas un remède miracle pour lutter contre l’inflation galopante en Europe. Il s’agit malgré tout d’un signe de détente sur le front de l’inflation, d’où les mauvaises nouvelles sont devenues monnaie courante depuis un certain temps déjà. Et c’est déjà une bonne chose.
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