L’euphorie induite par l’accalmie de l’inflation américaine est prématurée. La question de savoir si un renversement de tendance s’est effectivement produit reste ouverte et sera clarifiée par les chiffres à venir. Car le risque de nouvelle hausse subsiste.
Est-ce déjà fini? Le spectre de l’inflation est-il en train de s’éloigner? On pourrait répondre par l’affirmative au vu des derniers chiffres d’inflation en provenance des États-Unis. Mais autant le dire tout de suite: une détente sensible et durable sur le front des prix est encore loin d’être garantie, même si le taux d’inflation annuel s’est établi à 8,5% en juillet, après avoir atteint 9,1% en juin, son niveau le plus haut depuis novembre 1981. Au niveau des taux d’inflation sous-jacents, on observe bien une stagnation, mais pas de diminution. L’inflation corrigée des produits énergétiques et alimentaires, relativement volatiles, s’est stabilisée à 5,9% en juillet.
«Zéro inflation», vraiment?
Ces chiffres ont provoqué des réactions de soulagement sur les marchés financiers et dans les milieux politiques. Dans l’espoir de voir la Fed desserrer la vis monétaire, les cours ont rebondi à Wall Street et le président américain Joe Biden s’est même enhardi, de manière peu compréhensible, à évoquer en public une inflation nulle en juillet. Or, selon la lecture conventionnelle de l’inflation, cette remarque est tout simplement fausse. En effet, sauf abus de langage politique, ce n’est pas parce que l’inflation a stagné ou légèrement baissé en glissement mensuel qu’elle a disparu. Et surtout, le taux annuel de variation des prix reste très élevé aux États-Unis, à un niveau inégalé depuis quarante ans.
En outre, ce ralentissement du taux global d’inflation s’explique surtout par la forte baisse du prix des carburants. Pour d’autres produits de consommation courante, en revanche, la hausse des prix se poursuit, parfois sans signe d’apaisement. La problématique de l’inflation s’accentue encore pour de larges couches de la population, notamment parce que les prix de l’alimentation continuent d’augmenter. En effet, sur une base annuelle, la hausse des prix des produits alimentaires est passée de 10,4% à 10,9% en juillet. Depuis le début de l’année, il faut payer en moyenne 7,2% de plus pour la nourriture, ce qui relativise les données actuelles sur l’inflation: les Américains, pourtant férus d’automobiles, peuvent sans doute réduire un peu leur kilométrage, mais une limitation de la consommation alimentaire est difficile à envisager.
Aucune détente sur la spirale prix-salaires
Cependant, nous doutons que cette euphorie, du moins temporaire, des marchés boursiers se justifie: même si les pressions haussières sur les prix à la consommation doivent s’atténuer dans un premier temps, le marché du travail, encore très tendu, continue de sous-tendre l’inflation. En effet, le rapport entre le nombre d’emplois vacants et le nombre de demandeurs d’emploi reste extrêmement élevé et les indicateurs indiquent encore une accélération de la croissance des salaires. À l’heure actuelle, rien ne laisse présager un net ralentissement, et encore moins un arrêt, de la spirale prix-salaires.
C’est la raison pour laquelle les responsables de la Fed tentent d’étouffer dans l’œuf toute spéculation sur un ralentissement de la normalisation des taux d’intérêt, voire sur une baisse imminente des taux directeurs. Ils ne se lassent pas de souligner que la Fed est encore loin d’avoir atteint sa limite en matière de lutte contre l’inflation et que le renchérissement pourrait rester nettement supérieur à l’objectif fixé pour des années encore.
La Fed verrouille une fois de plus le revirement qu’elle a effectué depuis le printemps. En effet, elle ne considère plus l’inflation galopante comme un phénomène passager et rapide, mais comme une tendance tenace. Nous partageons cette analyse puisque nous continuons de penser que l’inflation américaine dépassera son point le plus haut à la fin du troisième trimestre. Toutefois, les taux d’inflation pourraient encore augmenter fortement jusqu’en 2023, avec des risques à la hausse. Selon nous, l’accalmie de la tendance inflationniste en juillet est donc comme une hirondelle qui, à elle seule, ne fait pas le printemps (ou l’été en l’occurrence). Inutile, donc, de se réjouir trop vite.
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