En annonçant un plan massif de réductions d’impôts, le nouveau ministre britannique des finances a plongé le Royaume-Uni dans une véritable crise monétaire.
À peine entré en fonction, le nouveau gouvernement britannique dirigé par la Première ministre Liz Truss ne laisse planer aucun doute sur sa volonté de faire tout ce qui est en son pouvoir pour relancer une économie en difficulté. Deux jours seulement après son investiture au début du mois de septembre, Liz Truss a présenté un plan d’aide gouvernementale destiné à stabiliser les prix de l’énergie pour un montant estimé à 150 milliards de livres sterling au cours des deux prochaines années, avant que son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, ne renchérisse à la fin de la semaine dernière. Son plan de réduction d’impôts est le plus important de ces 50 dernières années et devrait coûter à l’État britannique plus de 160 milliards de livres sterling dans les 5 prochaines années. Les allégements fiscaux s’accompagnent de mesures de déréglementation et d’un recours accru aux nouvelles libertés acquises dans le cadre du Brexit.
Vives réactions sur les marchés…
Si les mesures budgétaires fortement expansionnistes réjouissent l’économie, elles ont cependant provoqué un véritable tremblement de terre sur les marchés des changes et des capitaux: la livre sterling, sous pression depuis le Brexit, a encore reculé pour tomber temporairement sous la barre de 1.04 par rapport au dollar, soit son plus bas depuis près de 40 ans. Au cours du seul mois de septembre, la monnaie britannique a perdu environ 6% face au billet vert.
Parallèlement au dérapage de la livre, les emprunts d’État britanniques ont été soumis à une forte pression à la vente. Le rendement des obligations du trésor britannique à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, est passé de 2,6% début septembre à plus de 4,5%. Ces 20 dernières années, ni la crise financière, ni le Brexit, ni encore la crise du coronavirus n’ont déclenché une telle réaction sur les marchés des capitaux – et cette réaction indique clairement que les acteurs du marché sont tout sauf convaincus par les mesures budgétaires annoncées.
Ces dernières sont mises en œuvre à crédit et devraient entraîner une augmentation massive de la dette publique britannique. Le caractère durable de la politique budgétaire britannique suscite de plus en plus de doutes sur les marchés, et le gouvernement britannique traverse désormais une grave crise de confiance. Enfin, le plan fiscal interroge sur la soutenabilité de la dette à long terme, notamment dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. Alors que la hausse des taux rend d’autant plus risquée l’orientation extrêmement expansionniste du gouvernement, la banque centrale britannique, sous l’effet de l’inflation élevée, se voit contrainte de procéder à de nouvelles interventions sur les taux. Le dérapage de la devise britannique aggrave encore ce problème en augmentant l’inflation importée et en forçant la Banque d’Angleterre à resserrer davantage sa politique monétaire. De plus, de nombreux experts, dont le Fonds monétaire international, craignent une hausse supplémentaire de l’inflation du fait des mesures de soutien budgétaire à large spectre.
… et freinage d’urgence de la Banque d’Angleterre
Les turbulences sur les marchés financiers ont finalement poussé la Banque d’Angleterre à un freinage d’urgence mercredi en annonçant qu’elle achèterait chaque jour jusqu’à 5 milliards de livres sterling d’obligations d’État à longue échéance au cours des deux prochaines semaines afin de garantir le bon fonctionnement des marchés financiers. Le lien entre les rachats d’urgence et la politique budgétaire du gouvernement a été soigneusement passé sous silence afin de préserver l’indépendance politique de la banque centrale. L’accalmie espérée a été observée immédiatement, puisque les rendements des obligations d’État britanniques ont nettement chuté et la livre s’est raffermie. Aussi nécessaire qu’ait été cette mesure pour des raisons de technique de marché, elle est cependant problématique du point de vue politique: l’achat massif d’obligations d’État correspond à un net assouplissement de la politique monétaire et va ainsi à l’encontre de l’objectif premier de la Banque d’Angleterre, à savoir endiguer la forte inflation.
La crise monétaire britannique montre qu’une politique budgétaire excessive en période de relèvement des taux n’est plus tolérée par les marchés aussi facilement que dans un contexte de taux bas. Si les banques centrales ne parviennent pas à maintenir les taux d’intérêt à un bas niveau afin d’alléger le service de la dette, les gouvernements devront redoubler d’efforts dans leur discipline budgétaire. À cet égard, l’affirmation, suite à la tempête d’indignation, de l’engagement du gouvernement en faveur d’une politique budgétaire durable pour les dix prochaines années n’est pas d’une grande aide pour le moment.
La hausse massive des rendements reflète le risque lié à la politique budgétaire britannique
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