La faiblesse de l’euro coïncide avec la forte vigueur du franc suisse. Un raisonnement étonnamment simple permet de savoir si la monnaie helvétique est «seulement» forte ou surévaluée.
Nouvelle année, nouveau plus bas? Cette question semble se poser, du moins pour le cours euro/franc. En effet, la monnaie européenne est soumise à une pression soutenue. Face au franc suisse, l’euro a frôlé la barre de CHF 0.925 le 29 décembre, marquant ainsi un nouveau minimum. Depuis début janvier, l’euro n’a pu afficher qu’une infime reprise.
Les raisons semblent tomber sous le sens. La crise persistante de l’euro s’est récemment accentuée avec la forte hausse des taux opérée par la BCE: la problématique de l’endettement, les inquiétudes pour la croissance et les faiblesses structurelles nuisent encore plus à la confiance dans l’euro dans un contexte de taux élevés.
La confiance dans le franc n’est pas ébranlée
À l’inverse, le franc suisse poursuit son ascension. Pendant l’année écoulée, la monnaie helvétique a progressé d’environ 7,5% sur une base pondérée des échanges, affichant de loin la meilleure performance parmi les monnaies du G10. Le franc profite de ce qui fait défaut à l’euro: une structure institutionnelle extrêmement stable, des finances publiques saines et une structure économique qui affiche une grande résilience, même dans des conditions difficiles.
La vigueur du franc est donc un phénomène fondamentalement réjouissant, puisqu’elle reflète la grande confiance des investisseurs du monde entier dans la Suisse. Mais en même temps, la vigueur du franc pèse de plus en plus sur les secteurs exportateurs de notre pays. En effet, elle augmente le prix des produits exportés à l’étranger, ce qui affecte à tout le moins la compétitivité internationale de la Suisse. Une couverture de change de l’activité commerciale peut remédier à cette situation dans une certaine mesure, mais elle entraîne aussi des coûts.
On le sait, le malheur des uns fait le bonheur des autres. En l’occurrence, si le franc fort renchérit les produits exportés, il entraîne aussi une baisse du prix des produits importés. Cela profite aux consommateurs suisses, compte tenu de l’inflation encore largement excessive dans la zone euro. L’inflation qui règne dans la zone euro est (sur)compensée au niveau du change; elle n’est donc pas importée en Suisse.
Le Big Mac, indicateur de taux de change
L’envolée du franc suisse fait donc des perdants, mais aussi des gagnants. Qu’est-ce qui l’emporte? Les avantages ou les inconvénients? Autrement dit, notre monnaie est-elle globalement sous-évaluée, surévaluée ou correctement évaluée? C’est une question difficile. Il s’agit en effet de déterminer la valeur intrinsèque (ou juste valeur) d’une monnaie. Il existe différentes méthodes plus ou moins complexes pour le faire. Une approche relativement simple, mais (peut-être pour cette raison) plutôt convaincante et intuitive, consiste à se référer à l’indice Big Mac.
Cet indice ne porte pas le nom d’un hamburger d’une célèbre chaîne de fast-food par hasard. Car tout est dans son nom. L’un des avantages du Big Mac est qu’on le trouve pratiquement partout sur le globe et qu’il est préparé avec les mêmes ingrédients (à l’exception de l’Inde, où le bœuf n’apparaît pas au menu). Sa disponibilité mondiale et sa préparation standardisée font du Big Mac un produit de consommation idéal pour comparer le pouvoir d’achat entre différents pays. C’est précisément la raison pour laquelle l’hebdomadaire économique britannique The Economist a commencé à comparer les prix mondiaux de ce hamburger en 1986. L’indice Big Mac était né.
Réponse à la question de la surévaluation
Mais comment cet indice peut-il nous aider à savoir si le franc suisse est surévalué ou sous-évalué? Observons pour cela les prix du Big Mac de juillet 2023 (l’indice est mis à jour deux fois par an, la prochaine fois en janvier 2024).
Cet été, un Big Mac coûtait en moyenne environ 5.28 euros dans la zone euro. À la même période, il coûtait 6.70 francs en Suisse. Le rapport entre ces deux prix nous permet de déduire le juste niveau du taux de change «Big Mac». Celui-ci s’élevait donc à environ 1.27 pour la paire EUR/CHF (6.70 / 5.28).
Il s’agit bien sûr d’une simplification à l’extrême. Il faudrait par exemple tenir compte des écarts d’inflation et de la répartition relative des richesses. Mais le taux de change «Big Mac» donne tout de même une idée approximative de la situation de change. Il indique clairement qu’au taux de change EUR/CHF actuel d’environ 0.93, le franc est très surévalué, à hauteur d’environ 36%. Le constat d’un franc (trop) fort est cohérent avec le fait que la monnaie suisse est parfois aussi très surévaluée face à certaines monnaies du G10 selon l’indice Big Mac (voir le graphique).
Il est donc possible de répondre sans équivoque à la question de savoir si le franc se situe au-dessus ou au-dessous de sa juste valeur. Sa surévaluation est tout simplement un état de fait. Et dans le contexte mondial actuel, il est aussi un fait que cette situation ne changera pas de sitôt. Et continuera pour l’instant de faire le bonheur des uns et le malheur des autres.
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