«À long terme, les actions américaines sont incontournables»

Une année boursière chahutée touche à sa fin. Que réserve 2021 aux investisseurs? Christoph Sax, économiste en chef de la Banque Migros, livre ses perspectives.

2021 est la première année du nouveau cycle présidentiel américain. Par le passé, cette première année n’était pas particulièrement bonne pour les investisseurs. Faudrait-il donc ne pas trop espérer de 2021?

Christoph Sax: Les comparaisons historiques ne sont guère pertinentes pour 2021. Cette fois-ci, il est plus important de savoir à quelle vitesse la pandémie de coronavirus sera surmontée. En cas de percée médicale, les marchés bénéficieraient d’une nouvelle impulsion.

Quel scénario de coronavirus la Banque Migros intègre-t-elle dans ses prévisions conjoncturelles et financières pour 2021? 

Des recherches intensives sont menées dans le monde entier. Certains principes actifs prometteurs sont déjà en phase d’essai clinique finale. Il y a donc de bonnes raisons d’espérer qu’il existera bientôt un remède contre le Covid-19 – qui ne sera peut-être pas aussi efficace qu’un vaccin unique, mais suffisamment pour que l’on puisse freiner la propagation du virus ou mieux traiter les cas graves. C’est ce que nous supposons dans notre scénario de base.

Quelles seraient les conséquences pour l’économie?

Ce serait décisif, car l’État pourrait rendre davantage aux citoyens la responsabilité de leur santé et supprimer presque totalement les mesures coercitives. Chacun pourrait alors déterminer lui-même à quel point il souhaite se protéger contre le virus. C’est pourquoi je m’attends à une détente marquée dans le courant de l’année prochaine.

N’y a-t-il pas, aussi, un risque considérable qu’une percée médicale se fasse attendre encore plus longtemps?

Ce risque ne doit pas être sous-estimé. Les revers font partie du quotidien dans le développement de médicaments. Et il s’écoule généralement plusieurs années, voire des décennies, avant l’homologation. Dans le cas du Covid-19, en revanche, le développement est fortement accéléré. Il existe donc un risque que des défauts ou des risques potentiels ne soient détectés que peu de temps avant ou après l’homologation.

Qu’est-ce que cela signifierait pour la Bourse? 

Il y aurait des revers. Mais les cours ne reculeraient guère autant qu’en mars. Le filet de sécurité des banques centrales et des États s’est avéré viable. De plus, nous avons plusieurs cordes à notre arc: plus de 200 vaccins potentiels sont en développement. Je suis également plus confiant du fait que, d’une manière générale, nous avons appris à mieux vivre avec le virus.

L’achat d’actions reste-t-il donc intéressant?

Malgré les fortes hausses de cours de ces derniers mois, les actions restent des placements attrayants. En dehors du secteur technologique américain, leurs prix ne semblent pas surfaits. La forte baisse des taux d’intérêt réels justifie un niveau d’évaluation plus élevé. En outre, nous sommes en plein essor technologique, ce qui va accroître la productivité dans de nombreux secteurs. Les bénéfices des entreprises devraient fortement se redresser ces prochaines années. Le soutien de la politique monétaire se poursuivra.

L’afflux de liquidités des banques centrales n’entraîne-t-il pas une forte hausse de l’inflation?

Je ne m’attends pas à une poussée du renchérissement. Depuis plus d’une décennie, les marchés mondiaux des biens et des services connaissent d’importantes surcapacités. La crise du coronavirus n’y change pas grand-chose, notamment en raison des mesures de soutien des États. Au contraire, la Chine exporte continuellement la déflation, entre autres en maintenant en vie de grandes entreprises peu rentables pour préserver l’emploi. L’économie mondiale reste donc sous-utilisée. Et les marchés de l’emploi ne s’assècheront pas de sitôt. Si l’économie reprend fortement après la crise du coronavirus, le renchérissement pourrait s’accentuer temporairement. Mais cet effet ne serait que de courte durée.

Compte tenu des taux d’intérêt ultra-bas, qu’apportent des placements obligataires dans le dépôt-titres? Quelles alternatives la Banque Migros choisit-elle p. ex. dans ses mandats de gestion de patrimoine?

Les obligations ont fortement perdu de leur attrait. Les obligations de qualité en francs suisses ne génèrent guère de rendement après impôts et frais de transaction. C’est pourquoi nous conseillons aux investisseurs privés d’effectuer les placements obligataires au moyen de fonds pour des raisons de coûts. En outre, nous misons de plus en plus sur l’immobilier en remplacement des obligations. Mais en tant que stabilisateurs, les obligations ont toujours leur légitimité dans le portefeuille.

Faut-il continuer à privilégier les actions de croissance prospères ou, au contraire, leur préférer les secteurs à la traîne?

Les investisseurs enclins au risque peuvent investir davantage dans des secteurs à la traîne qui profitent d’une nouvelle ouverture de l’économie. Il s’agit notamment de secteurs cycliques tels que l’industrie ou de biens dits «discrétionnaires», c’est-à-dire des biens et des services que l’on s’offre principalement en période favorable. 

Quels sont les marchés des actions que la Banque Migros privilégie, quels sont ceux qu’elle évite plutôt?

Actuellement, nous ne sous-pondérons ni ne surpondérons fortement certaines régions. Si un vaccin contre le Covid-19 est bientôt disponible en grandes quantités, ce sont les pays émergents et l’Europe qui devraient en profiter le plus à court terme. Mais à long terme, le marché américain des actions est incontournable, rien qu’en raison de l’importance du secteur technologique. 

Le prix de l’or continuera-t-il de monter l’année prochaine? 

Tout semble indiquer que le prix de l’or restera élevé. D’une part, les taux d’intérêt réels demeurent négatifs pour l’instant. De l’autre, contrairement à la dette publique et à la monnaie des banques centrales, l’or ne peut pas être multiplié à l’envi. À moyen terme, le prix de l’once devrait à nouveau dépasser les 2000 dollars. 

L’euro continuera-t-il de se raffermir face au dollar en 2021?

L’euro peut continuer de progresser à court terme. Le dollar devrait toutefois regagner quelque peu du terrain l’année prochaine. C’est la monnaie de référence incontestée, et elle est appréciée comme valeur refuge. L’euro, par contre, reste un sujet de préoccupation. Les problèmes institutionnels de l’union monétaire ne sont pas résolus, malgré le fonds de reconstruction que l’UE va créer. Quant au franc, il continuera de se raffermir face à l’euro.

À propos de l’Europe: quel impact le Brexit aura-t-il sur les marchés financiers?

Un échec ou un report de la conclusion des négociations pèserait sur les marchés boursiers à court terme. Le Brexit n’a toutefois pas le potentiel de modifier radicalement les perspectives de l’économie mondiale. Il ne s’agirait donc que d’un séisme temporaire.

Quels types d’actions la Banque Migros privilégiera-t-elle l’année prochaine?

Notre liste de recommandations comprend une combinaison de placements qui profiteront de la reprise attendue et de titres qui sauront tirer parti de la pandémie et des mutations structurelles qu’elle entraîne. Il s’agit par exemple de LafargeHolcim, Givaudan, Swiss Life, Roche, Partners Group, Komax, SGS, Temenos et Huber+Suhner. La majorité de ces titres sont également compris dans le certificat tracker Swiss Equity Select (n° de valeur 42’979’309), qui comprend nos 15 actions suisses favorites. Celles-ci sont régulièrement réexaminées et, si nécessaire, adaptées.

La gestion de patrimoine de la Banque Migros

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