Sous le couvert des Bitcoins, la technologie Blockchain (chaîne de blocs) a battu tous les records en 2017. Dans un autre domaine, la technologie de la crypto-monnaie fixe également de nouveaux standards, plutôt sombres, en matière de consommation d’énergie. Dans le cas de la Bitcoin Blockchain, la consommation énergétique annuelle est déjà équivalente à celle d’un pays de taille moyenne.
Les Bitcoins semblent être la solution miracle car ils promettent des faibles coûts de transaction pour des retours vertigineux. Basés sur la technologie des chaînes de blocs, ils sont décentralisés, éliminent les intermédiaires et offrent un haut degré de sécurité. Il n’est donc pas surprenant que, selon un sondage réalisé par le service comparatif Comparis en décembre 2017, 11% des Suisses projetaient d’acheter des Bitcoins et d’autres crypto-monnaies en 2018. La chaîne de blocs elle-même, qui a été développée en tant que système de support technique pour les monnaies virtuelles, est également reconnue comme une chaîne polyvalente unique. On en viendrait presque à dire qu’il n’ y a que des avantages, avec des transactions gratuites ou à un prix dérisoire – en d’autres termes, un Free Lunch (gain dénué de risques sur les marchés financiers).
Les nouveaux Bitcoins ne peuvent être créés qu’avec une consommation de courant très élevée et des processeurs extrêmement rapides.
Mais cette «ruée vers l’or» numérique n’est pas aussi fantastique qu’il n’y paraît, comme le montre, entre autres, la volatilité des Bitcoins. Un regard dans les coulisses de la chaîne de blocs révèle également une amère réalité: une consommation d’énergie à croissance extrême liée à la production des Bitcoins. En effet, il est possible de créer ou «miner» des Bitcoins à l’aide d’ordinateurs devant résoudre des problèmes informatiques toujours plus complexes. Pour dire les choses simplement, le code Bitcoin rend de plus en plus difficile, voire finalement impossible la création de nouveaux Bitcoins. Les «mineurs» doivent vérifier les transactions et documenter simultanément toute la chaîne des transactions Bitcoin précédentes. Cela augmente l’effort de calcul et, par conséquent, la consommation d’énergie.
En attendant, de nouveaux Bitcoins ne peuvent être créés qu’avec une consommation d’énergie très élevée et des processeurs extrêmement rapides, qui sont généralement installés dans de grandes fermes de serveurs spécialement prévues à cet effet. La majorité de nos ordinateurs personnels sont depuis longtemps incapables de suivre cette concurrence. Par conséquent, de nombreux mineurs se trouvent là où l’électricité est particulièrement bon marché, par exemple près des centrales à charbon chinoises en Mongolie intérieure ou des centrales hydroélectriques de la province méridionale du Sichuan.
A partir de juillet 2019 déjà, la production de Bitcoins nécessitera autant d’électricité qu’il n’en est consommé aujourd’hui aux Etats-Unis.
Selon le «Bitcoin Energy Consumption Index» du Digiconomist, le monde Bitcoin a consommé 36,81 térawattheures (TWh) extrapolées sur l’année pour la production de sa monnaie virtuelle au 29 décembre 2017. Cela correspond à 0,16 % de la consommation d’énergie annuelle mondiale, soit 291 kilowattheures (KWh) par transaction. A titre de comparaison: le Danemark consomme 33 térawattheures par an, le Qatar 39, et la Bulgarie est le pays dont la consommation d’électricité se rapproche le plus de celle des Bitcoins actuellement. Bien que la crypto-monnaie n’ait encore que peu d’importance sur le marché mondial de l’électricité, le numéricien Alex de Vries prédit que les bitcoins auront besoin de la même quantité d’électricité que les Etats-Unis dès juillet 2019.
Indice de la consommation d’énergie du bitcoin
L’espoir de ralentir l’appétit énergétique grandissant des Bitcoins repose fortement sur le progrès technique de l’industrie des puces. A titre d’exemple: les mineurs de crypto-monnaie de la génération actuelle ASIC (Application Specific Integrated Circuits) consomment deux fois moins d’énergie pour la même puissance de calcul que les machines vieilles de deux ans. Comparés aux processeurs classiques de l’année de fondation de Bitcoin (2009), les ASIC actuels sont même cent millions de fois plus rapides. En d’autres termes, nous recherchons les ordinateurs les plus puissants et les prix de l’électricité les plus bas. C’est pourquoi une grande partie de l’activité de minage est aujourd’hui localisée en Chine.
59% des Bitcoins sont aujourd’hui produits en Chine.
Selon une étude de l’université de Cambridge du printemps 2017, 59% des Bitcoins sont produits en Chine. La région du nord de la Chine, par exemple, dispose actuellement d’un grand nombre de centrales électriques alimentées au charbon avec une capacité excédentaire. Selon divers rapports, le gouvernement provincial subventionne l’électricité au charbon, de sorte que les mineurs n’ont à payer que quatre cents le kilowattheure. Compte tenu du fait que les plus gros pools de minage exploitent également une entreprise dans laquelle Bitmain a des participations, et qui n’est autre que l’un des principaux fabricants de machines ASIC, il devient évident que les bas prix de l’énergie, combinés à des processeurs à la fine pointe de la technologie, sont presque imbattables.
Mais il existe également des rapports positifs concernant l’empreinte écologique des Bitcoins, car tous ne sont pas produits à partir d’énergie issue du charbon. Dans la province du Sichuan, dans le sud de la Chine, l’électricité bon marché produite par les grandes centrales hydroélectriques est utilisée pour l’activité de minage. Récemment, un nombre croissant de rapports ont également été publiés par des entreprises qui utilisent l’hydroélectricité en Amérique du Nord ou en Europe du Nord pour miner des Bitcoins. Une autre société de minage exploite ses activités en Islande au moyen de l’énergie géothermique, une technologie qui utilise la chaleur terrestre naturelle pour produire de l’énergie. Il faut espérer que cette tendance se poursuivra. Mais une chose est sûre: les Bitcoins font des étincelles!
| Description | Valeur |
|---|---|
| Consommation électrique annuelle du bitcoin estimée actuellement* (TWh) | 36.81 |
| Revenus annuels mondiaux du minage | USD 16'060'453'831 |
| Coûts annuels estimés du minage dans le monde | USD 1'840'328'007 |
| Pays dont la consommation électrique est la plus proche de celle du bitcoin | Bulgarie |
| Utilisation d’électricité estimée le jour précédent (KWh) | 100'839'891 |
| Watts implicites par GH/s | 0.277 |
| Taux total de hash réseau en PH/s (1 000 000 GH/s) | 15'151 |
| Consommation électrique par transaction (KWh) | 291.00 |
| Nombre de ménages américains qui pourraient être alimentés par le bitcoin | 3'408'015 |
| Nombre de ménages américains alimentés pendant une journée par l’électricité consommée par une seule transaction | 9.82 |
| Consommation électrique du bitcoin en pourcentage de la consommation électrique mondiale | 0.16% |
| Empreinte carbone annuelle (kt de C02) | 18'035 |
| Empreinte carbone par transaction (kg de C02) | 142.4 |
| Souce: https://digiconomist.net/bitcoin-energy-consumption | |
