La vantardise en matière de durabilité et de diversité semble être avoir passé son pic. L’accent est à nouveau mis sur des actions concrètes plutôt que sur mille promesses.
Cela vous est sûrement déjà arrivé. Au parcmètre, vous n’avez pas assez de monnaie pour régler votre stationnement. Certes, comme on peut payer avec des applis sur son téléphone, cette situation devient de plus en plus rare aujourd’hui. Mais elle vient de m’arriver. En effet, le 1er janvier, je suis parti de chez moi sans prendre de monnaie, comme d’habitude, mais aussi sans prendre mon portable, ce qui m’arrive moins souvent. Promis, ce n’était pas dû à une gueule de bois de Nouvel An! Soit dit en passant, ça m’a fait du bien d’être sur la route quelques heures sans cet appareil.
Enfin bref, je me suis retrouvé devant le parcmètre, qui m’est apparu à ce moment-là comme l’incarnation gris métallique du brigandage moderne. En effet, j’ai constaté l’absence de 50 centimes sur ma monnaie après avoir exploré de fond en comble la boîte à gants, les compartiments des portières et la console centrale de ma voiture. Alors que je pestais en fouillant mes poches dans l’espoir consciemment vain d’y trouver une précieuse pièce de 50 centimes, une passante avec un chien s’est approchée de moi et m’a demandé ce qu’il me manquait. J’ai conclu que cette question concernait ma monnaie (enfin je l’espère) et lui ai répondu qu’il me manquait 50 centimes. Cette bonne âme a sorti son portefeuille avant de me remettre la pièce tant convoitée. Elle m’a souhaité une bonne journée avant de s’éloigner avec son chien, qui tirait sur la laisse.
Le vent a tourné
Ce n’est peut-être qu’un épisode banal de la vie quotidienne. Mais cette histoire me revient à l’esprit chaque fois que je lis comment les entreprises américaines, en particulier, se détournent de plus en plus du culte de la durabilité et du wokisme, selon moi exagéré et trop souvent emprunt de sensationnalisme. L’époque semble révolue où les équipes de marketing et de communication rivalisaient d’efforts pour trouver la tonalité la plus verte, la plus diversifiée et la plus inclusive possible.
En témoigne notamment le départ de JP Morgan de la «Net Zero Banking Alliance» annoncé mardi, qui fait suite au départ d’autres grandes banques américaines telles que Citigroup, Bank of America, Goldman Sachs ou encore Wells Fargo. Mais cet abandon d’engagements qui ne sont pourtant que des tigres de papier va au-delà de la dimension écologique. Un changement de mentalité semble également s’opérer au niveau de la croyance en la diversité. Lundi, par exemple, McDonald’s a déclaré vouloir abandonner ses initiatives en faveur de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion (DEI). Dans une lettre ouverte, la direction de la chaîne de restauration rapide a annoncé qu’elle renonçait à ses objectifs de diversité parmi ses cadres supérieurs et qu’elle réduisait les formations en DEI. La décision de McDonald’s est intervenue après que Walmart, Ford, Toyota, Harley-Davidson et John Deere ont supprimé ou fortement assoupli leurs réglementations et directives en la matière.
S’engager de manière aussi visible que possible en faveur de tous les objectifs nobles imaginables semble donc être passé de mode. D’une part, cela s’explique par la victoire électorale de Donald Trump et des républicains. Les résultats électoraux montrent clairement que dans de nombreuses régions des États-Unis, la population est plus conservatrice qu’on ne le pensait dans les bureaux modernes mais un peu hors sol des sièges sociaux. D’autre part, le malaise face à un wokisme débordant et à un étalage de principes de diversité tutoyant l’absurdité n’est pas nouveau et atteint également ses limites sur le plan juridique. Récemment, une plainte déposée par des étudiants américains d’origine asiatique de Harvard a été acceptée par la Cour suprême des États-Unis. Les étudiants dénonçaient une procédure d’admission préférentielle à l’égard de certaines minorités.
Agir et pas seulement vouloir
Dans ce contexte, le retour à plus de pragmatisme dans un domaine émotionnellement chargé est une bonne chose. Cela ne signifie pas que les objectifs environnementaux et sociaux fondamentaux sont erronés. Absolument pas. Les entreprises doivent contribuer au maintien ou au rétablissement d’un mode de vie plus durable. Et je pense aussi que les personnes doivent être traitées de la même manière quels que soient leur religion, la couleur de leur peau, leur sexe, leur origine et leur orientation sexuelle. S’efforcer d’éliminer toute discrimination est une préoccupation louable et juste.
Mais l’étalon devrait être la prise de mesures concrètes (ou justement, l’absence de mesures), plutôt qu’une énième directive, des offres d’emploi et des brochures d’entreprise insistant sur l’inclusion et la diversité ou encore la participation à une convention qui semble aller dans le bon sens mais n’a pas vraiment d’effet.
En particulier, les investisseurs qui tiennent compte de la durabilité dans leurs décisions de placement doivent être bien conscients du fait qu’un acteur qui se vante haut et fort de sa propre exemplarité en la matière n’agit pas forcément de manière réellement responsable. Ils doivent comprendre que les efforts de durabilité environnementale et sociale sont une démarche complexe, qui comporte de nombreuses zones grises. Les solutions simples et claires n’existent pas. Mais cela prouve souvent qu’une bonne intention ne garantit pas une bonne action.
Il n’y a pas de solution simple
Le chemin vers un monde meilleur est pavé d’objectifs contradictoires de toutes sortes. Les efforts de protection de l’environnement dans l’industrie vont à l’encontre de la compétitivité et donc de l’emploi. En s’efforçant d’éliminer la discrimination vis-à-vis d’un groupe, on peut engendrer de nouvelles injustices pour un autre groupe. Les pactes de protection du climat recèlent un risque de distorsion du droit de la concurrence. L’abandon des voyages de longue distance peut entraîner une densité excessive et une surexploitation des espaces de loisirs à un endroit.
On pourrait dérouler cette liste à l’infini, et le risque de se décourager est grand. Ce serait une erreur. Dans l’ensemble, il est préférable de ne pas se laisser aveugler par des promesses ambitieuses, des brochures sur papier glacé, des vitrines internet impeccables et des avis dithyrambiques (bien souvent rédigés par les acteurs eux-mêmes), mais plutôt de se fier aux mesures concrètes. Les entreprises qui sont conscientes des divers conflits d’objectifs et œuvrent donc à la durabilité sociale et environnementale par petites étapes, plus discrètes, obtiennent souvent de meilleurs résultats que celles qui prétendent bruyamment améliorer le monde d’un coup de baguette magique.
À petite échelle, opter pour une approche par l’exemple, aussi banale soit-elle, a un impact. En traitant tout le monde avec respect et décence. En s’engageant envers la communauté. En réduisant sa propre production de déchets. Ou en aidant autrui devant un parcmètre sans rien attendre en retour.
Disclaimer
Les informations contenues dans la présente publication de la Banque Migros SA servent à des fins publicitaires et d’information conformément à l’art. 68 de la loi sur les services financiers. Elles ne sont pas le résultat d’une analyse financière (indépendante). Elles ne peuvent en aucune façon être interprétées comme une incitation, une offre ou une recommandation portant sur l’achat et la vente d’instruments de placement, sur la réalisation de transactions particulières ou sur la conclusion de tout autre acte juridique, mais sont données uniquement à titre descriptif et informatif. Ces informations ne constituent ni une annonce de cotation, ni une feuille d’information de base, ni un prospectus. En particulier, elles ne constituent pas une recommandation personnelle ni un conseil en placement. Elles ne tiennent pas compte des objectifs de placement, du portefeuille existant, de la propension au risque, de la capacité de risque ni de la situation financière ou d’autres besoins particuliers du destinataire. Le destinataire est expressément invité à prendre ses éventuelles décisions de placement sur la base de ses propres clarifications, y compris l’étude des feuilles d’information de base et prospectus juridiquement contraignants, ou sur la base des informations fournies dans le cadre d’un conseil en placement. Les documents juridiquement contraignants sont disponibles sur migrosbank.ch/bib, pour autant qu’ils soient obligatoires et fournis par l’émetteur. La Banque Migros ne garantit ni l’exactitude ni l’exhaustivité des présentes informations et décline toute responsabilité en cas de pertes ou dommages éventuels de quelque nature que ce soit pouvant résulter de l’utilisation de ces informations. Les présentes informations constituent seulement un instantané de la situation à la date d’impression et ne sont pas automatiquement revues à intervalles réguliers.